Les
organisateurs du festival « A travers champs » nous disent :
« La 7ème édition du Festival A Travers
Champs a suspendu son voyage ce jeudi 12 mars 2020.
Nos partenaires de Durbuy, La Roche, Bioul, Tenneville, Hastière, Vesqueville,
Erezée, Bièvre et Hotton ont permis d’accueillir de nombreux spectateurs
curieux, concernés et intéressés par la ruralité d’ici et d’ailleurs lors
de projections
de films, de débats, d’animations, de découvertes de produits locaux et de
rencontres.
N’oublions pas également La Table Ronde qui ouvrait les
discussions sur « Le cinéma en ruralité ». Elle a rassemblé des
professionnels (réalisateurs, animateurs, programmateurs, enseignants,
responsables de services institutionnels) et des jeunes. Nous en dégagerons
bientôt les pistes d’action pour le futur.
Un tout grand MERCI à tous pour ces moments partagés !
En raison des événements qui nous frappent tous, nous devons nous
arrêter ici. Il restait encore 15 lieux de rendez-vous et 19 dates pour vous
accueillir jusqu’à la clôture du 29 mars 2020.Cela nous
attriste beaucoup et nous pensons à toutes ces énergies déployées durant ces
presque deux dernières années.
C’est pourquoi, nous souhaitons reporter le Festival à une période
plus clémente permettant ainsi de valoriser les projets imaginés et conçus par
chaque partenaire et surtout de retourner à la rencontre du public. À votre
rencontre donc.
Donc continuez à nous suivre, à nous lire, via Facebook et sur notre site. Nous vous tiendrons informé(e)s de la suite du Festival dès que nous
aurons pris des décisions fermes et définitives. »
À Bioul, un témoignage :
Les circonstances l’ont voulu, ce
festival qui souhaitait faire prendre conscience de la vie de l’agriculture à
tout un chacun, s’est momentanément arrêté : le coronavirus l’a
stoppé ! Nous avons eu la chance, à Bioul, d’y participer avant cette
suspension. Le reportage se trouve ICI et la brochure de présentation du
festival (voir page 16-17 pour Bioul) est à consulter ICI.
À la suite
de cette soirée, au film documentaire qui y était présenté et qui servait de
support au débat qui a suivi, reprenons plus en détails le témoignage de Stany
de Wouters, fermier à Grange, qui nous explique le « comment et le
pourquoi » de sa reconversion et sa décision de changer sa façon de
cultiver.
Poussés par
l’industrie agro-alimentaire et l’urgence de nourrir la planète après les
dernières guerres, les agriculteurs ont, dans les années 1960-1970, suivi les
« conseils » des scientifiques de bureau et ont acheté engrais
chimiques et pesticides pour avoir des récoltes plus importantes à l’hectare.
Ils étaient
loin de penser qu’ils détruisaient la richesse de leur propre terre, de leur
sol en agissant de cette façon.
La culture
intensive apportait de gros rendements mais les coûts des engrais, pesticides,
l’achat d’énormes machines agricoles pour arriver à suivre le mouvement
réduisaient le « salaire » de l’agriculteur.
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Agriculture intensive et pesticides! |
Diversifier
en faisant de l’élevage « intensif », provoquait le même
problème : les agriculteurs ont été piégés de même (antibiotiques, achat
de soja et autres aliments pour engraisser) alors qu’il y a moyen de nourrir
les animaux de la ferme en nombre calculé en fonction des produits que donne la
ferme : rien à voir avec les immenses surfaces de cultures et les énormes
bâtiments imposés par les industries agro-alimentaires : des usines !
A l’heure actuelle, elles imposent du « gaspillage » !
Comme S. de
Wouters l’a dit lors du débat en donnant une image : on pousse une boule
de neige en montant puis celle-ci devenue trop lourde en arrivant au sommet
vous retombent dessus : les dettes, les soucis vous écrasent …
Et si nous
regardions comment fait la nature sans « l’aide » de l’homme ?
La forêt primitive ou naturelle : personne n’y apporte quoi que ce soit et
toute la chaîne alimentaire y trouve son nécessaire depuis la plus petite
cellule jusqu’aux grands arbres en passant par les champignons et les animaux
qui y vivent.
Revenons à
la terre de culture actuelle : elle n’a plus grand-chose comme vie sous sa
croûte souvent bien damée, l’eau ruisselle emmenant avec elle les engrais et
pesticides vers les ruisseaux ou bien l’eau stagne provoquant la pourriture.
Les semis n’ont plus beaucoup de racines et sont nourris par les engrais et non
par la terre (cela ressemble presque à de l’aquaculture.)
Comment
faire pour recréer cette terre nourricière ?
Ne plus
labourer, ni bêcher car cela brise les différentes couches/strates et tue tous
les organismes qui en vivent. Certaines bactéries (aérobies) demandent à rester
dans les couches supérieures = elles ont besoin d’air ; d’autres
(anaérobies) restent dans les couches inférieures = elles n’ont pas besoin
d’air.
Labourer,
c’est détruire une logique naturelle !
Après les
moissons, fin juillet, début août :
On peut
faire un désherbage mécanique avec une herse (scalp en « v ») qui
coupe les plantes non souhaitées au ras du sol, on peut ensuite épandre le
fumier et surtout le laisser à l’air afin de le laisser se décomposer dans de
bonnes conditions.
Préparer un
lit de germination en semant un mélange de plusieurs plantes pour couvrir le
sol : tournesol, févroles, phacélie, graminées, légumineuses, radis
chinois, lin…
Certaines gèlent avant de renourrir le sol ; pour d’autres,
on passe de gros rouleaux pour écraser les tiges ; certaines ont des
racines qui s’étendent en surface, d’autres ont des racines pivotantes
(profondes) qui permettent l’aération du sol en profondeur.
En octobre,
vient le moment de semer :
A l’avant du
tracteur, un rouleau qui passe sur le « couvert », à l’arrière, un
disque qui fend légèrement la terre, un « tube » qui y dépose les
semences, puis un rouleau qui permet de mettre la semence en contact avec la
terre.
Le couvert
empêchera les herbes indésirables de pousser, les semences pourront germer et
croître sans trop de difficultés.
Les semences
employées n’ont plus rien à voir avec celles qui sont vendues par les
industries agro-alimentaires mais proviennent d’anciennes graines plus
rustiques ; il y aura sans doute moins de kilos à l’hectare mais elles
seront de qualité et l’économie faite sur les quantités d’engrais chimique et
de pesticides non employés compensent la différence de gain.
Quant aux
pesticides, ils sont bien sûr exclus de cette façon de cultiver : les
semences sont plus résistantes, le sol mieux adapté et enfin, le fait
d’entourer les parcelles plus petites de haies diverses et autochtones, de prés
fleuris, permet d’attirer la faune : insectes (abeilles, coccinelles,
forficules…) et oiseaux nécessaires au petit coup de main pour se débarrasser
des nuisibles ou en limiter l’extension.
La terre
retrouve son équilibre au fil des années.
La terre
ainsi cultivée grouille de vie ; l’eau ne stagne plus sur le sol et elle
ne s’écoule pas non plus en emmenant avec elle la couche de terre (d’engrais et
autres) vers les ruisseaux mais elle pénètre dans le sol car la terre redevient
légère et aérée ; elle n’est plus tassée et compacte comme auparavant.
Beaucoup de
fermiers ont du mal à changer, même ceux qui approuvent cette reconversion et
la comprennent car ils traînent derrière eux les échéances des prêts…
Ceux qui
louent leur terre ont peur de s’y mettre et de se voir éjecter de leur
ferme : à quoi serviraient leurs efforts si leur terre est reprise par des
« usines » ?
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La ferme de Grange |
Ce changement
de culture demande quand même quelques années avant de retrouver un bel
équilibre. Il est plus facile de le commencer lorsqu’on a une ferme déjà
diversifiée et non uniquement consacrée soit à la culture, soit à l’élevage.
Il faudra
encore du temps avant que tous soient convaincus ou puissent changer.
Une façon de
soutenir cette culture qui n’aurait jamais dû être quittée : déguster des
produits sains et naturels, c’est le souhait de chacun de nous.
Espérons que cela deviendra réalité.
Merci à
Stany de Wouters pour toutes ses explications.
Propos
recueillis par Anne-Christine (PCDN) Mars 2020
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