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Mi-février en Molignée

mardi 21 février 2017

 Climat printanier pour une balade nature ce samedi 18 février 2017.

Un rendez-vous qui a intéressé entre 35 et 40 amis de la nature qui, les fourmis dans les jambes, avaient envie de se reconnecter aux chants des oiseaux, au timide réveil de la nature.

Le rendez-vous que notre guide, Richard Bergen, avait donné était situé sur le parking de la Gare de Maredsous.
 Le programme consistait à regarder ce qui restait disponible pour les animaux en fin d’hiver, ce qui se préparait pour le début du printemps, que ce soit dans la vallée, sur le RAVeL ou sur le versant exposé au soleil de la Montagne de Sosoye (aussi appelée « Montagne de Ranzinelle »)
Le guide avait préparé sur le lieu de départ quelques plantes :

des baies du viorne obier qui ont besoin d’un gel avant d’être appréciées par les grives et autres oiseaux ;


 
des baies du lierre grimpant, plante excessivement précieuse pour la biodiversité car c’est une des dernières fleurs à la disposition des insectes avant l’hiver et qui possède des fruits, fin de l’hiver, quand la nourriture est rare pour les oiseaux ;

quelques baies d’aubépine, très rares à cette époque, ont résisté ; 

les chatons des noisetiers qui ont un pollen précieux pour les premiers insectes (pollen qui servira à féconder la fleur femelle d’un autre noisetier et pas de la plante sur lequel le chaton a poussé).


 L’aulne glutineux laissera partir ses fruits au fil de l’eau.

Rappelons aussi que les fruits des arbres servent à nourrir mais aussi à pérenniser l’espèce par les fruits ou graines non mangées qui vont germer ; que les fruits de la clématite des haies, grâce à son « duvet », peuvent essaimer très loin emmenés par le vent. Ce duvet peut aussi servir pour rendre les nids douillets ; 
que les feuilles des ronces sont appréciées par les chevreuils et les sangliers.
Le guide nous explique que les bourgeons, prêts à gonfler dès les beaux jours, sont protégés du gel en hiver par la « couverture » d’une espèce de cire.

La promenade a commencé sur le RAVeL de la Molignée : la rivière a environ 23 km de long alors que le tracé du rail a une longueur d’environ 15 km grâce aux travaux : construction des ponts et creusement dans la roche, au 18ème siècle, afin d’avoir une ligne plus rectiligne et une pente légère et régulière.
 
Ce qui a pour conséquence que certains pans rocheux n’ont jamais de soleil et que les plantes qui y poussent se contentent de l’humidité et de ce qu’elles trouvent entre les roches.
 Diverses fougères se développent, la plus connue est la scolopendre ou « langue de cerf ». 
On a pu aussi remarquer la formation du tuf (ou travertin) ici avec une couleur plus « rouge » que « ocre » sans doute par la présence de fer.
Il s’agit d’un phénomène géomorphologique assez rare : l’eau souterraine se charge de carbonate de calcium (CaCo3), puis, à l’air libre, le CO2 présent et dissous est consommé par les végétaux (mousses et algues) ce qui provoque une précipitation locale du calcaire qui se dépose sur les végétaux. Au cours des siècles, les dépôts forment une succession de gradins qui gardent la trace des végétaux engloutis. Promeneurs : respectez cet endroit, il faut plusieurs siècles pour le former (comme les stalactites dans les grottes !).
 
Le regard fut attiré aussi bien par la maladie qui décime les frênes en Europe : la Chalarose que par les champignons qui se développent sur les arbres morts.

En rejoignant la pelouse calcaire de Sosoye, on a pu admirer le vol (et le cri) de 5 Buses variables.

La pelouse calcaire possède une couche de terre très mince qui, jusqu’avant la guerre, convenait à l’élevage de moutons et de chèvres, ce qui empêchait la forêt de reprendre ses droits. 
C’était un « herdier » ou berger commun qui rassemblait tous les animaux du village, les emmenait paître et les ramenait le soir chez leurs propriétaires ; Il avait une « houlette » espèce de grand bâton terminé par une plaque de fer (ou mini bêche) qui lui permettait de déraciner de temps en temps un arbuste ou arbre naissant afin de garder le pâturage en état. Cette houlette servait aussi à décoller des mottes de terre et les lancer pour ramener les moutons trop éloignés ainsi que pour enfoncer, comme les pattes des animaux, les excréments dans le sol afin de garder une herbe de qualité suffisante.
Comme le marché de la laine s’est effondré à cause de l’importation de laine moins chère de Nouvelle Zélande, le « herdier » et les moutons ont disparu, les bois ont repris leur place et la pelouse calcaire a été envahie.

Constatant la disparition d’une biodiversité spécifique et très riche, l’homme a décidé de rétablir la pelouse calcaire et d’y permettre le retour d’une faune et flore spécifique : serpolet, persil des montagnes, différentes espèces d’orchidées, etc. puis insectes, papillons : on a eu la chance d’en voir un (la petite tortue), sans doute un des premiers vols au soleil de cet insecte qui a passé l’hiver sous forme d’imago (= adulte).
Des troupeaux de moutons et la fauche systématique aident maintenant à la conservation de ce site. Un petit tour sur cette pelouse calcaire nous a permis de se rendre compte que le prunellier ne demande qu’à se propager si on n’y prend garde.

 Le chêne pédonculé peut s’y développer : il y reste plus petit que ses congénères de la forêt car la terre est pauvre et donc les racines s’étendent en surface.

Quant au genévrier, assez rare, c’est un arbuste typique de ce biotope et il est protégé.

On a quitté la pelouse calcaire pour retrouver le village de Sosoye et la vallée de la Molignée.

On y a remarqué les traces bien visibles du Cincle plongeur (excréments sur cailloux ou sur des branches dans la rivière.) ainsi que la présence du Martin pêcheur que l’on n’a pas vu (le groupe était trop étendu) mais on a eu des explications sur la façon dont il avalait le poisson : tête la première et la façon dont il le présentait à ses jeunes pour qu’eux aussi l’avalent tête la première. Notons aussi que la présence de ces oiseaux est le signe d’une bonne qualité des eaux de la rivière.


Un dernier effort pour grimper un beau talus et rejoindre la RAVeL et terminer la journée par le verre de l’amitié à la Gare de Maredsous.

Un bien bel après-midi !
Texte et photos : ACh. Marlier

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