Climat
printanier pour une balade nature ce samedi 18 février 2017.
Un
rendez-vous qui a intéressé entre 35 et 40 amis de la nature qui, les fourmis
dans les jambes, avaient envie de se reconnecter aux chants des oiseaux, au
timide réveil de la nature.
Le
rendez-vous que notre guide, Richard Bergen, avait donné était situé sur le parking de
la Gare de Maredsous.
Le programme consistait à regarder ce qui restait
disponible pour les animaux en fin d’hiver, ce qui se préparait pour le début
du printemps, que ce soit dans la vallée, sur le RAVeL ou sur le versant exposé
au soleil de la Montagne de Sosoye (aussi appelée « Montagne de Ranzinelle »)
Le guide
avait préparé sur le lieu de départ quelques plantes :
des baies du
viorne obier qui ont besoin d’un gel avant d’être appréciées par les grives et
autres oiseaux ;
des baies du lierre grimpant, plante excessivement
précieuse pour la biodiversité car c’est une des dernières fleurs à la
disposition des insectes avant l’hiver et qui possède des fruits, fin de
l’hiver, quand la nourriture est rare pour les oiseaux ;
quelques baies
d’aubépine, très rares à cette époque, ont résisté ;
les chatons des
noisetiers qui ont un pollen précieux pour les premiers insectes (pollen qui
servira à féconder la fleur femelle d’un autre noisetier et pas de la plante
sur lequel le chaton a poussé).
L’aulne glutineux laissera partir ses fruits au
fil de l’eau.
Rappelons
aussi que les fruits des arbres servent à nourrir mais aussi à pérenniser
l’espèce par les fruits ou graines non mangées qui vont germer ; que les
fruits de la clématite des haies, grâce à son « duvet », peuvent
essaimer très loin emmenés par le vent. Ce duvet peut aussi servir pour rendre
les nids douillets ;
que les feuilles des ronces sont appréciées par les
chevreuils et les sangliers.
Le guide
nous explique que les bourgeons, prêts à gonfler dès les beaux jours, sont protégés
du gel en hiver par la « couverture » d’une espèce de cire.
La promenade
a commencé sur le RAVeL de la Molignée : la rivière a environ 23 km de
long alors que le tracé du rail a une longueur d’environ 15 km grâce aux
travaux : construction des ponts et creusement dans la roche, au 18ème
siècle, afin d’avoir une ligne plus rectiligne et une pente légère et régulière.
Ce qui a
pour conséquence que certains pans rocheux n’ont jamais de soleil et que les
plantes qui y poussent se contentent de l’humidité et de ce qu’elles trouvent
entre les roches.
Diverses fougères se développent, la plus connue est la
scolopendre ou « langue de cerf ».
On a pu
aussi remarquer la formation du tuf (ou travertin) ici avec une couleur plus
« rouge » que « ocre » sans doute par la présence de fer.
Il s’agit
d’un phénomène géomorphologique assez
rare : l’eau souterraine se charge de carbonate de calcium (CaCo3),
puis, à l’air libre, le CO2 présent et dissous est consommé par les végétaux
(mousses et algues) ce qui provoque une précipitation locale du calcaire qui se
dépose sur les végétaux. Au cours des
siècles, les dépôts forment une succession de gradins qui gardent la trace
des végétaux engloutis. Promeneurs : respectez cet endroit, il faut
plusieurs siècles pour le former (comme les stalactites dans les
grottes !).
Le regard
fut attiré aussi bien par la maladie qui décime les frênes en Europe : la Chalarose
que par les champignons qui se développent sur les arbres morts.
En
rejoignant la pelouse calcaire de Sosoye, on a pu admirer le vol (et le cri) de
5 Buses variables.
La pelouse
calcaire possède une couche de terre très mince qui, jusqu’avant la guerre,
convenait à l’élevage de moutons et de chèvres, ce qui empêchait la forêt de
reprendre ses droits.
C’était un « herdier » ou berger commun qui
rassemblait tous les animaux du village, les emmenait paître et les ramenait le
soir chez leurs propriétaires ; Il avait une « houlette » espèce
de grand bâton terminé par une plaque de fer (ou mini bêche) qui lui permettait
de déraciner de temps en temps un arbuste ou arbre naissant afin de garder le
pâturage en état. Cette houlette servait aussi à décoller des mottes de terre
et les lancer pour ramener les moutons trop éloignés ainsi que pour enfoncer,
comme les pattes des animaux, les excréments dans le sol afin de garder une
herbe de qualité suffisante.
Comme le
marché de la laine s’est effondré à cause de l’importation de laine moins chère
de Nouvelle Zélande, le « herdier » et les moutons ont disparu, les
bois ont repris leur place et la pelouse calcaire a été envahie.
Constatant
la disparition d’une biodiversité spécifique et très riche, l’homme a décidé de
rétablir la pelouse calcaire et d’y permettre le retour d’une faune et flore
spécifique : serpolet, persil des montagnes, différentes espèces
d’orchidées, etc. puis insectes, papillons : on a eu la chance d’en voir
un (la petite tortue), sans doute un des premiers vols au soleil de cet
insecte qui a passé l’hiver sous forme d’imago (= adulte).
Des
troupeaux de moutons et la fauche systématique aident maintenant à la
conservation de ce site. Un petit tour sur cette pelouse calcaire nous a permis
de se rendre compte que le prunellier ne demande qu’à se propager si on n’y
prend garde.
Le chêne pédonculé peut s’y développer : il y reste plus
petit que ses congénères de la forêt car la terre est pauvre et donc les
racines s’étendent en surface.
Quant au genévrier,
assez rare, c’est un arbuste typique de ce biotope et il est protégé.
On a quitté
la pelouse calcaire pour retrouver le village de Sosoye et la vallée de la
Molignée.
On y a remarqué les traces bien visibles du Cincle plongeur
(excréments sur cailloux ou sur des branches dans la rivière.) ainsi que la
présence du Martin pêcheur que l’on n’a pas vu (le groupe était trop
étendu) mais on a eu des explications sur la façon dont il avalait le
poisson : tête la première et la façon dont il le présentait à ses jeunes
pour qu’eux aussi l’avalent tête la première. Notons aussi que la présence de
ces oiseaux est le signe d’une bonne qualité des eaux de la rivière.
Un dernier
effort pour grimper un beau talus et rejoindre la RAVeL et terminer la journée
par le verre de l’amitié à la Gare de Maredsous.
Un bien bel
après-midi !
Texte et photos : ACh. Marlier
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