Le week-end dernier se déroulait le recensement des oiseaux de jardin, initié par Natagora et les premiers résultats montrent, qu'une fois de plus, le Merle est l'oiseau le plus fréquent dans nos jardins. Retrouvez ICI les statistiques 2016 et bientôt le tableau des résultats 2016, à comparer avec les années précédentes.
Et pourquoi pas le sympathique interview du lauréat, recueilli par Jean-Sébastien Rousseau-Piot de Natagora :
"Depuis plusieurs
années, vous caracolez en tête du grand comptage « Devine, qui vient manger
chez nous aujourd’hui ? » organisé par Natagora. Comment expliquez-vous cela ?
Eh bien, c’est
difficile à dire. Vous n’êtes pas sans savoir qu’à l’origine, je suis plutôt un
habitant des forêts et de la pénombre. Mais voilà, il faut s’adapter et les
forêts d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’elles étaient. Autrefois, dans le bon
vieux temps de la forêt primaire malheureusement révolu, nous avions de la
variété, ce qui signifie l’abondance de nourriture et de cachettes. De nos
jours, les forêts ressemblent plus à ce que vous nommez des monocultures, et je
n’y trouverais plus aussi facilement mon bonheur. Et puis, je dois l’admettre,
je suis un peu opportuniste et vos jardins sont parfois très accueillants.
On vous dit plutôt
timide et toujours sur le qui-vive. Est-ce exact ?
Timide, timide... Il
ne faut rien exagérer, mais l’héritage de mes ancêtres me pousse malgré moi à
rester un habitant de l’ombre. J’adore les haies bien fournies et presque
impénétrables, surtout celles qui foisonnent d’aubépines, viornes, sorbiers, et
autres arbustes à baies.
Je suppose que c’est
en partie dû à votre régime alimentaire ?
Bien entendu. J’adore
les fruits, particulièrement à l’heure du souper et, je l’avoue, je peux me
gaver de baies sans relâche. Pour le déjeuner, je préfère les lombrics. Ils me
permettent de recharger rapidement mes batteries pour affronter le labeur
quotidien. Mais quand il gèle, je suis bien obligé de m’en passer.
À propos de ces
haies, en trouvez-vous en suffisance à votre convenance ?
Je dois admettre que
non. La plupart de vos haies me laissent totalement indifférent, rien à manger
et beaucoup trop standardisées, et avec votre fâcheuse manie de planter des
espèces importées... Par contre, je dois admettre que vos gazons me facilitent
parfois la tâche, question lombrics voyez-vous, mais c’est un point de vue un
peu égoïste, je l’avoue, car pour d’autres, ces gazons s’assimilent à un désert.
À ce sujet,
pourriez-vous nous expliquer les étranges pas de danse que l’on vous voit
parfois effectuer dans les pelouses ? Hip-hop ou Tecktonik ?
Il ne s’agit
aucunement d’une danse, jeune effronté ! C’est un art ! Mes pas envoient des
vibrations à une cadence bien étudiée afin de faire remonter à la surface ces
lombrics dont je raffole, ce qui me permet ensuite de les croquer !
Je vois, les lombrics
c’est vraiment votre plat favori, mais c’est difficile pour nous de vous approvisionner
en cette matière. Comment pouvons-nous alors vous aider à traverser les rigueurs
de l’hiver ?
Eh bien, les boules de
graisses ou de graines que vous suspendez ne me sont que de peu d’utilité. Je
ne suis pas du tout acrobate comme ces mésanges, voyez-vous. Impossible pour
moi de me suspendre à de telles choses, je finirais au centre de revalidation !
Je profite bien un peu du travail des autres en ramassant les miettes qui
tombent sur le sol mais ça ne remplit pas un ventre de merle. Par contre, si
vous laissez traîner quelques fruits sur le sol, comme des pommes, cela peut
m’aider à me sustenter. Mais en vérité, je vous le dis, plantez des haies
sauvages et variées, je peux m’y nourrir, y trouver refuge et quand la bonne
saison revient, je peux même y faire mon nid.
Quel est votre plus
mauvais souvenir ?
Un chat ! Un gros
matou gris ! Un futé, il parvenait à se faufiler sans faire le moindre bruit et
plusieurs fois cet hiver-là, j’ai failli y laisser des plumes. J’étais jeune,
sans expérience, et je n’ai pas choisi le bon jardin cette année- là...
Maintenant, je passe l’hiver deux rues plus loin. Ils ont aussi un chat mais
ses propriétaires lui ont mis une petite clochette, ce qui me permet de
l’entendre venir et de me mettre à l’abri.
Deux rues plus loin !
Ce n’est pas bien loin, vous ne voyagez jamais ?
Chez nous les merles,
on trouve de tout, des voyageurs téméraires et de vieux casaniers comme moi.
Chacun fait son choix ; moi, je préfère rester toute l’année dans le même coin mais
j’ai des collègues du nord qui débarquent chaque hiver. Parfois, ils viennent
de bien loin et je ne comprends pas toujours leur accent. Il nous arrive d’en
venir aux mains quand ces « étrangers » tentent de me piquer mon petit coin de
paradis sans même me demander mon avis. Ce n’est pas que nous sommes asociaux,
nous les merles, on partage parfois le même buisson pour passer la nuit, mais
chacun ses vers de terre !
Ma dernière question
sera la suivante : de quoi rêvez-vous pour le futur ?
Je ne voudrais pas
être rétrograde en disant vouloir revenir au bon vieux temps de la forêt primaire,
mais un peu de variété dans vos jardins ne ferait pas de tort. En fait, c’est
plutôt la spontanéité qui manque. La nature offre tout ce dont un merle a
besoin, pour autant qu’on la laisse un peu faire..."
Jean-Sébastien ROUSSEAU-PIOT
1 commentaires:
Bonjour Monsieur le Merle,
Savez-vous que depuis 2009, le PCDN d’Anhée insiste pour que les habitants de la commune plantent dans leur jardin des haies d’arbustes bien de chez nous et qu’il y a, depuis lors, plus de 10 articles avec des conseils sur ce thème dans ce blog.
Tous les membres du PCDN souhaitent montrer l’exemple afin que Anhée (9 villages) soit un réel paradis pour la faune et la flore indigènes.
Venez chez nous, Monsieur le Merle, je suis certaine que vous vous y plairez bien …
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