Au
départ de la balade, quelques explications sur l’origine de ce
village nous sont fournies par Nicole, notre guide : Village
habités par des Italiens provenant de « Stevena »
localité d’Italie et venus dans la région pour travailler avec
les Belges notamment dans les carrières.
Belges et Italiens sont
unis par la connaissance des pierres à chaux et par leur rivière :
la Rosta (celle qui fait tourner) en Italie et la Molignée (la
rivière aux moulins) dans notre région. Plusieurs raisons ont amené
ces familles italiennes à s’y implanter.
Une
visite dans la petite église romane de Salet s’impose et c’est
une habitante du village, Josiane, membre du PCDN, qui nous donne des informations :
au départ, en 1915, plusieurs familles habitant Salet ont érigé
une chapelle, cœur de l’église actuelle.
En
1929, avec le soutien de l’abbaye de Maredsous, l’église fut
construite puis en 1936, un porche fut ajouté et en 1941, la
« tour-clocher » dernière partie fut érigée.
L’église,
dédiée à ND de Lourdes et à Ste Thérèse de Lisieux, fut
consacrée par un Père Abbé de Maredsous.
Elle
abrite des statues en bois de chêne de Georges Dekoninck, sculpteur
de Warnant
ainsi qu’une fresque peinte sur toile, œuvre du frère
Siméon de l’Abbaye de Maredsous.
Le jubé fut réalisé par le
Père Daniel avec un menuisier de Denée.
Bien
d’autres curiosités sont à admirer dans ce lieu, réalisées
grâce à la volonté et à la persévérance des différents Abbés
qui se sont succédés et à la ferveur des habitants.
La
balade commence par un rappel du sous-sol et des notions de géologie,
ce qui nous fait « remonter » à la formation des
roches il y a entre 375 et 325 millions d’années ;
le futur
« Salet » se trouvait dans l’Océan jusqu’à environ
320 millions d’années.
Une
dernière arrivée de la mer il y a 21 millions d’années viendra
accumuler du sable et des graviers.
A
Salet, 5 types de pierres différentes se sont formées sous le
niveau de la mer :
- La
plus ancienne : de l’argile et du sable déposés au fond de
la mer ont formé des couches de grès de différentes couleurs et
épaisseurs.
 |
Grès |
Le grès est incrusté de paillettes de mica sur la
ligne de crête entre Denée et Salet.
La
2ème
couche : schiste et calcaire en périphérie du bois de Ronquière.
 |
Pierre bleue |
- La
3ème
couche : le petit granit, pierre bleue classique de nos tours de
fenêtres, portes…sa surface est quasi uniforme et parsemée de
petites taches blanches, rondes très peu veinées.
-
La 4ème
couche : En certains endroits, le dépôt de boue noirâtre
d’origine marine, mélangé à des débris de plantes se sont
transformés en pierre noire. Après polissage, cela faisait un beau
faux marbre avec de jolies empreintes de la faune marine.
 |
Marbre noir |
Cela
se situe en périphérie du bois de Ronquière, Denée, Salet et
Bioul et qui ont donné 9 carrières de marbre noir très pur et 2
siècles d’exploitation. Le marbre dit bleu-belge est 50 millions
d’années plus jeune et est parsemé de veines blanches de calcite.
- La
5ème
couche : dépôt de boue avec 99% de calcaire : calcaire
pur ou calcaire avec la dolomie exploité dans les grandes carrières.
Le
sous-sol connaitra aussi un choc avec la « montée des
Ardennes » et le territoire sud de la Belgique s’est
transformé en tôle ondulée…Les soulèvements ont été rabotés
par l’érosion et ont surtout concerné les pierres tendres comme
le calcaire ce qui a provoqué grottes, rivières, galeries, vallées.
Les grès ont formé les hauteurs du paysage, la Molignée a emporté
de la pierre tendre qui a formé la plaine d’Anhée.
Qu’est-ce
que la chaux ?
La
chaux éteinte sert comme enduit de façades, blanchiment de murs
intérieurs et extérieurs, mortiers pour la maçonnerie, amendement
pour corriger l’acidité des sols.
La
chaux vive est utilisée pour la désinfection des étables, des
poulaillers, du sol et pour le traitement des eaux.
Utilisée
aussi en métallurgie (éliminer les impuretés dans l’acier), en
papeterie (récupérer les produits chimiques), pour la désinfection
de zones contaminées et, en céramique, comme fondant secondaire et
stabilisant.
La Nature
En
rentrant dans les bois, la première constatation est la
fraîcheur bienvenue en ces temps de dérèglement climatique, puis
on remarque que les fruits sont plutôt au sommet des arbres là où
il y a de la lumière.
Il n’y a pas de petits fruits alors
qu’en lisière, les mûres, baies de toutes sortes (sureau,
aubépine, viorne, prunelier…) sont en grandes quantités.
Les
2/3 de l’été sont passé, nous sommes presque en automne donc il
n’y a plus de nouvelles plantes, (hormis les champignons avec
l’humidité) ; les arbres stockent du sucre et préparent les
bourgeons de l’an prochain.
Les
bois sont silencieux car les oiseaux sont en période de mue, ne
chantent plus, sont vulnérables. Les plus jeunes essaient
d’apprendre à chanter mais ils s’empiffrent pour avoir assez de
graisse soit pour passer l’hiver chez nous soit pour leur
migration.
Il
existe une symbiose entre les racines et les « champignons » :
la mycorhize, association symbiotique d’un champignon
inférieur avec les racines d’une plante (Chêne, Hêtre…)
On
a évoqué aussi la création de gale sur les feuilles de certains
arbres provoquée par un insecte et la réaction de l’arbre pour se
défendre.
Nous
passerons près d’une fontaine (à sec à ce moment), qui fut aussi
un lavoir entre les 2 guerres.
Nous
aurons ensuite le bonheur d’entrer dans la cour intérieure de la
Ferme de Salet avec l’accord des propriétaires que nous
remercions.
L’origine
de cette ferme remonte à la fin du 18ème siècle ;
elle dépendait de l’abbaye de Moulins.
Bâtie en moellons calcaire
sauf du côté sud où des briques furent ajoutées (signe de
richesse car elles venaient de Flandre contrairement à aujourd’hui)
avec des encadrements de fenêtres en pierre de taille.
Une potale
murale de 1685 figure encore dans un mur.
Dans l’étable, il y a un
pilier central d’où partent 8 arcs de voûte.
Un
petit mot sur l’histoire :
les
droits des abbés, seigneurs fonciers, étaient d’une exigence qui
ont étonné plusieurs participants : droits sur les
transactions immobilières, droit de justice, perception de nombreux
impôts, droits de désigner les édiles communaux, droits de pêche
et de chasse…
La
balade s’est terminée par l’intéressante visite d’un rucher
et par la dégustation du miel.
Nous
remercions aussi Josiane et ses fils apiculteurs pour leur accueil
sympathique, leurs explications et les réponses aux nombreuses
questions.
Reportage: Anne-Christine (d'après les notes de Nicole et Josiane)
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